Le vélo rose
Zoran est un enfant heureux dès qu’il roule sur sa bicyclette. Il croise souvent Rose, une fille de son âge qu’il a baptisée ainsi parce qu’elle porte toujours un manteau rose. Rose est triste, et sans la connaître, le garçon sait pourquoi... Comme elle, il a connu la guerre et les images de ce passé le hantent encore. Il sait que redonner un peu de joie à la fillette l’aidera lui aussi à « revivre » plus facilement.
Jeanne Ashbé, auteur et illustratrice reconnue, a publié une cinquantaine d’albums destinés aux tout petits et à leur quotidien, a reçu des prix sur plusieurs continents et anime des formations à la lecture aux plus jeunes enfants. Elle aborde, avec cet album qui s’adresse à des lecteurs plus âgés, dès 6 ans, le sujet grave de la guerre vue par des enfants, de manière émouvante. Elle justifie son choix par une citation de Françoise Dolto sur la quatrième de couverture : "C’est sur la vérité qu’on construit".
Avec un style épuré, tant pour le texte que pour les illustrations à la gouache, elle évoque le souvenir de la guerre et de l’immigration vécues par ces deux enfants venus d’Europe de l’Est et réfugiés dans « la ville rouge ». Tout au long de l’album, elle fait alterner le lourd passé et le présent encore incertain des deux enfants évoquant les destructions, les camps de réfugiés, leur exode d’immigrés pour, petit à petit, laisser place aux images de leur nouvelle vie.
Dans les yeux de la fillette, le garçon revoit son propre passé et la même tristesse dans les yeux de sa mère pendant les évènements terribles, « les yeux qui ressemblent au temps d’avant », et son projet va être de faire renaître le sourire de Rose grâce à un petit vélo d’occasion réparé avec l’aide d’amis, vélo qu’il va repeindre en rose bien évidemment. Trouvant plaisir à rouler tous les deux, Zoran va redonner "des morceaux de ciel bleu dans les yeux de Rose" même si quelquefois encore, la tête des deux enfants est envahie par le bruit assourdissant de la guerre et leurs yeux sont noyés d’une peur qu’ils sont encore loin d’oublier.
Un travail remarquable sur les pistes d’exploitation de ce texte résistant est proposé par le groupe départemental TUIC de la direction académique de la Gironde. Il présente la découverte de l’implicite, des blanc narratifs, des ellipses, la recherche d’indices et l’analyse d’images pour comprendre le lien avec le texte donc des pistes facilement transposables pour l’étude d’albums à l’école. Plus spécifiquement à cet ouvrage, on étudie les contrastes (entre douleur, tristesse et paix, joie de vivre) exprimés par le texte et l’image, les repères temporels et spatiaux.
Pour découvrir le dossier proposé par la direction académique de Gironde :
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format PDF - 1.9 Mio
Le vélo rose, Jeanne Ashbé, éditions L’école des loisirs (2000)